Les architectes en chef des monuments historiques
Recrutés sur concours depuis 1893, les architectes des monuments historiques, devenus « architectes en chef des monuments historiques » à partir de 1897 (ACMH), sont, en parallèle de leur activité libérale, des fonctionnaires de l'État qui contribuent à protéger, conserver et restaurer le patrimoine architectural de la France.
À la suite des lois de séparation des Églises et de l’État de 1905, ils succèdent aux architectes diocésains dont le corps disparaît. À partir des décrets d’application des lois, en 1907, chaque architecte en chef des monuments historiques se voit affecter une circonscription territoriale, pour laquelle il est chargé de missions de surveillance et de conseil, notamment en matière de mesures conservatoires pour les immeubles classés dont la sauvegarde serait menacée. Ils ont à leurs côtés les architectes ordinaires mis en place en 1887 dans chaque département, chargés de l’entretien ordinaire des monuments historiques.
En 1879, l’arrivée au pouvoir de Jules Grévy, premier président de la IIIe République issu du parti républicain, marque la montée en puissance d’un sentiment anticlérical en France.
La loi de Séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, portée par le député Aristide Briand, met fin au Concordat ce qui se traduit par la disparition de la Direction des cultes et du service des édifices diocésains dont les responsabilités sont confiées à la Direction des Beaux-Arts en 1907.
L’État reste propriétaire des cathédrales et assure les dépenses pour leur entretien et leur conservation dans la limite de l’interdiction de subventionner le culte.
Les architectes diocésains intègrent le service des monuments historiques comme architectes en chef après qu’un jury a validé leurs compétences. C’est ainsi que Paul Boeswillwald devient architecte en chef de la cathédrale de Bourges. Les institutions évoluent, les hommes restent.
Le titre III, consacré aux édifices des cultes, précise que « Nul travail de réparation, restauration ou entretien à faire aux monuments ou objets mobiliers classés ne peut être commencé sans l’autorisation du ministre des beaux-arts, ni exécuté hors de la surveillance de son administration ».
Depuis 2009, les ACMH restent territorialement compétents pour les monuments appartenant à l’État. En revanche, la maîtrise d’œuvre des travaux sur les autres monuments classés peut être ouverte aux architectes du patrimoine justifiant d’une expérience sur le bâti ancien.
S’agissant des cathédrales, l’architecte en chef assure aujourd’hui la maîtrise d’œuvre des travaux de restauration qui sont programmés, commandés et financés par la Conservation régionale des monuments historiques, représentant le ministère de la culture, maître d’ouvrage au sein de la direction régionale des affaires culturelles.
Ce document montre l’organisation et la relation qu’établissent les deux architectes.
Des cours à l’École de Chaillot, anciennement appelée le Centre d'études supérieures d'histoire et de conservation des monuments anciens, ont été créés pour les architectes qui interviennent sur des monuments historiques. Dispensés par Anatole de Baudot, disciple d’Eugène Viollet-le-Duc, lors de leur création en 1887, il s’agit d’un enseignement spécifique sur l’architecture et les monuments historiques destinés à des architectes déjà diplômés.