Les moulages
Outre les dessins, les sculpteurs réalisent parfois des moulages d’éléments à restaurer qui leur servent de modèles fidèles en trois dimensions. Barthélemy Juillien et ses successeurs font appel à Caudron, Dumoutet et Villatte qui pratiquent cette technique. Celle-ci consiste à estamper à la terre les pierres sculptées, protégées par une couche de savon, de graisse ou de cendre, puis de couler dans le creux du plâtre mêlé à de la filasse. D’après le baron Auguste-Théodore de Girardot qui guide les restaurations, Théophile Caudron va jusqu’à verser dans les plâtres le ciment « qu’il adapt[e] sur la partie à restaurer au moyen de goujons en fer ».
En 1842, des moulages sont réalisés sur la façade par un mouleur de Paris à la demande du ministre.
En 1882, année d’ouverture du musée de Sculpture comparée, au Tocadéro, aujourd’hui musée des Monuments français, créé selon le souhait d’Eugène Viollet-le-Duc de valoriser la sculpture médiévale au sein de l’enseignement des beaux-arts, des moulages sont exécutés pour la collection de cet établissement.
En haut :
Moulage en plâtre d’un fragment de voussure de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, frise de feuillage, 1882-1883. Cité de l’architecture et du patrimoine, Musée des Monuments français, MOU.00552
En bas, de gauche à doite :
- Moulage en plâtre du premier écoinçon de l’arcature basse de l’ébrasement gauche du portail Saint-Étienne de la cathédrale de Bourges, Noé construisant l’arche, Charles Édouard Pouzadoux, 1906 [?]. Cité de l’architecture et du patrimoine, Musée des Monuments français, MOU.05906
- Moulage en plâtre de la moitié droite du troisième écoinçon de l’arcature basse de l’ébrasement gauche du portail Saint-Étienne de la cathédrale de Bourges, Noé faisant rentrer les animaux dans l’arche, Charles Édouard Pouzadoux, 1906 [?]. Cité de l’architecture et du patrimoine, Musée des Monuments français, MOU.05905
- Moulage en plâtre du quatrième écoinçon de l’arcature basse de l’ébrasement gauche du portail Saint-Étienne de la cathédrale de Bourges, Noé et sa famille rentrant dans l’arche, avant 1903. Cité de l’architecture et du patrimoine, Musée des Monuments français, MOU.05907
Les deux moulages de Noé construisant l'arche et de Noé faisant rentrer les animaux dans l’arche datent plus vraisemblablement de 1882, année durant laquelle les deux séries de moulages sont réalisées pour le palais des beaux-arts de Paris et pour le musée de Sculpture comparée du Trocadéro. Il faudrait plutôt les attribuer au père de Charles Édouard Pouzadoux (1860-1940), Jean Pouzadoux (1829-1893), premier concessionnaire de l’atelier de moulage du musée de Sculpture comparée et praticien reconnu qui a travaillé sur les chantiers de restauration des cathédrales dirigés par Eugène Viollet-le-Duc, Jean-Baptiste Lassus ou Émile Boeswillwald.
Comme l’ensemble des moulages du Trocadéro, ils ont sûrement servi de support aux cours « Chaillot » destinés à former les architectes qui interviennent sur les monuments historiques.
Le carnet original, comportant des dessins et notes sur les vitraux et sculptures, est présenté plus loin dans l’exposition. Il pourrait avoir été l’œuvre de François-Alexandre Hazé ou Jules Dumoutet mais une étude approfondie serait nécessaire pour une attribution certaine.
Dans l’encart n°6, les écoinçons du « retour (côté gauche) du 2e portique de droite » (portail de Saint-Étienne) correspondent en partie aux moulages exposés, avec les intitulés suivants : « Noé averti du déluge par dieu » pour Noé construisant l’arche, « Noé réunissant les animaux des différentes espèces », « Fuite de ceux qui évitent le déluge » pour la famille de Noé entrant dans l’arche.
Le moulage de Noé et sa famille rentrant dans l’arche provient de la collection de l’École des beaux-arts de Paris. Il a rejoint le musée de Sculpture comparée du Trocadero en 1903. Il correspond donc, très vraisemblablement, à l’un des premiers moulages réalisés sous la direction du sculpteur italien Pelligrini en 1882, destinés au Trocadero mais finalement conservés par le palais des beaux-arts de Paris.